Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/116

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ment ses pas avaient retenti sur la neige durcie et les feuilles mortes.

Il avait paru s’éloigner.

Mais tout à coup, rebroussant chemin et se mettant à plat ventre, il était revenu se blottir dans une touffe, à trois pas des deux amis.

Obéissait-il à un pressentiment, ou bien à cette impérieuse habitude d’espionnage qui existe chez les paysans ?

C’est ce qu’il est difficile de préciser ; mais il tressaillit profondément, et un frisson nerveux parcourut tout son corps, lorsqu’il entendit le capitaine dire à son ami :

— Je ne fais pas la chasse aux braconniers, mais bien aux incendiaires…

— Oh ! oh ! murmura le Bouquin, qu’est-ce que c’est donc que cet oiseau-là ?… Et pourquoi donc va-t-il à la ferme ?…

Le Bouquin suivit des yeux les deux jeunes gens, jusqu’au moment ils atteignirent les murs de la ferme, puis il se redressa, bondit sur ses jambes torses avec l’élasticité d’un chevreuil, et se prit à courir sous bois, non plus en suivant des lignes ou des sentiers, mais en passant au plus fourré, et affrontant les épines, tête baissée.

À une demi-lieue environ de la ferme, à l’ouest et dans la partie la plus épaisse des bois de Fouronne, se trouve une sorte d’entonnoir formé par des blocs de rochers entassés les uns sur les autres, comme par un bouleversement volcanique.

D’énormes broussailles couvrent ces rochers, dont quelques-uns sont creux et servent d’abri à des nichées de renards.