Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/117

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Aussi le Trou à renards est-il le nom qu’on a donné à l’entonnoir tout entier.

Les broussailles qui l’encombrent sont épineuses, et les chiens répugnent à les fouiller.

Rarement un chasseur, voire un braconnier, s’aventurait par là.

Un silence de mort y régnait en tout temps, et les oiseaux des bois eux-mêmes, trouvant les arbres trop serrés sans doute, avaient déserté ce canton.

Ce fut vers cet endroit, cependant, que se dirigea le Bouquin.

— Ma foi ! dit-il, en y parvenant tout ensanglanté, le Tison ne veut pas que je sois du conseil, mais il ne se fâchera pas aujourd’hui, quand il saura pourquoi je viens.

Il acheva de se frayer un passage à travers les ronces, jusqu’à un trou de rocher, — un vrai trou de renard, celui-là…

Et quand il fut là, il se coucha à plat ventre et posa deux doigts sur sa bouche.

Puis il fit entendre une sorte de piaulement sourd, semblable au cri de la chouette ou du hibou.

Ensuite il attendit.

Quelques secondes après, un cri semblable monta des profondeurs caverneuses des rochers jusqu’au trou dans lequel le Bouquin avait passé sa tête et la moitié du corps.

— Ils y sont, se dit-il.

Et il se glissa dans cet étrange terrier, rampant sur le ventre et les mains.