Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/127

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général y a couché plusieurs fois… C’est propre et les lits sont bons…

Et puis voilà qu’il est bien tard, continua la mère Brulé, approchant sept heures du soir… Vous devez avoir faim, monsieur le comte ?…

— Ma foi ! mère Brulé, répondit Henri, vous avez un morceau de lard dans la marmite qui sent rudement bon. J’ai bonne envie de souper avec vous.

Et il échangea un regard avec le capitaine qui acquiesça d’un signe de tête.

Par une de ces fréquentes bizarreries du cœur humain, la mère Brulé, qui aurait dû haïr cet homme, la cause involontaire du malheur de sa fille, se sentait au contraire, entraînée vers lui.

Elle l’aimait, parce que sa fille l’avait aimé.

— Ah ! monsieur Henri, dit-elle presque joyeuse, c’est de l’honneur que vous nous faites… Aussi je veux vous plumer tout à l’heure un beau canard… nous le mettrons à la broche… c’est cuit en un rien de temps.

— Hé ! Sulpice ! feignant ! cria du dehors une voix impérieuse, en même temps qu’on entendait le pas du mulet sur les pavés de la cour.

— Voilà mon père, dit Sulpice qui se précipita hors de la cuisine.