Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/128

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IV

Cinq minutes après, le père Brulé entra.

C’était un homme de quarante-huit à cinquante ans à peine, quoiqu’il eût la barbe et les cheveux blancs.

Il avait une physionomie ouverte et souriante, éclairée par de grands yeux bleus, les lèvres charnues, le cou dégagé.

De taille moyenne, plutôt maigre que gras, il avait les épaules larges et paraissait robuste.

Cet homme, qui, à en croire les terreurs de la mère Brulé et de son fils Sulpice, était un tyran domestique et exerçait chez lui une autorité sans bornes, avait pour justifier l’opinion du comte Henri, l’air du meilleur homme du monde.

— Ah ! monsieur le comte, dit-il en allant droit à Henri, sa casquette à la main, vous n’allez pas me faire l’injure, j’imagine, de croire que j’aie voulu vous voler votre loup ? Une femme qui ramassait du bois m’a dit que c’était vous qui l’aviez tiré… Je l’ai chargé sur mon mulet, et s’il n’avait pas été presque nuit, je vous l’aurais envoyé ce soir… mais j’avais de l’argent à compter au métayer du Monestier, et voilà ce qui m’a retardé. Du reste, demain, à la première heure, le loup aurait été chez vous… C’est une