La semaine dernière encore, il y a eu une ferme qui a brûlé à deux lieues d’ici et, justement la veille on y avait fait coucher un mendiant.
— Vraiment, dit le capitaine, toutes ces histoires d’incendie sont donc vraies ?
— Hélas ! oui, monsieur.
— Et la malveillance s’en mêle ?
— Ce n’est que ça, mon bon monsieur, et nous sommes tous consternés dans le pays, car si c’est aujourd’hui le tour des uns, demain ce sera le tour des autres.
— Mais enfin, dit le capitaine, qui soupçonne-t-on ?
— On ne sait pas… Chacun dit la sienne, d’aucuns prétendent qu’il y a de la politique là-dessous ; d’autres disent que c’est des bandes de pillards… Est-ce qu’on sait ? Ah ! murmura le père Brulé en manière de péroraison, je ne suis malheureusement qu’un pauvre homme, mais si j’étais le gouvernement, je voudrais en avoir le cœur net.
— Il paraît, dit un garçon de ferme, qu’il y a des gens qui, pour une somme qu’on paye tous les ans…
— Ah ! oui, des compagnies d’assurances… c’est connu… mais je ne m’y fierais pas.
— Comment ! dit le capitaine, qui continuait à regarder le père Brulé avec ténacité, votre ferme n’est point assurée ?
— Non, monsieur.
— Ni votre bétail, ni vos récoltes ?
— Rien.
— C’est un tort, il faut vous assurer… si vous veniez à être brûlé, on vous indemniserait…