Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/139

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aperçu dans le gouvernement, et qu’on s’imagine que c’est les royalistes qui mettent le feu pour dégoûter la France du régime républicain.

— Ah ! ils disent ça, ? fit le deuxième visage noirci.

— Oui, la Bourée, répliqua Tison.

La Bourée était encore un joli nom.

On appelle une bourée, un assemblage de gros et de petits bois formant fagot.

— Alors, dit le troisième, qui se nommait la Bise, un joli nom encore, faut brûler les nobles, maintenant ?

— Pas tous. Quelques-uns…

— Qui donc brûler par ici ?

— J’ai fait mon choix.

— Ah !

— Nous brûlerons le château des Roches.

— Le château de M. Henri.

— Pourquoi pas ? D’abord je lui en veux, moi ! dit le Tison d’un ton qui ne souffrait pas de réplique.

— Et après ?

— Après, dit froidement le chef, nous mettrons le feu aux Saulayes… C’est un bon château… il flambera comme un fagot d’épines.

Ce fut en ce moment que le cri d’oiseau de nuit du Bouquin se fit entendre.

Le Tison bondit et sauta sur son fusil.

Ses deux compagnons l’imitèrent.

— C’est le Bouquin, dit Tison. Mais pourquoi vient-il ? pour sûr il y a du nouveau.

Et Tison répondit au houhoulement du Bouquin.