Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/140

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Cinq minutes après, l’affreux gamin fit son apparition parmi les incendiaires.

Le Bouquin avait la mine bouleversée, les mains et les pieds en sang.

— Je crois qu’on veut nous pincer, dit-il.

— D’où viens-tu ? demanda Tison.

— Oh ! c’est une histoire, allez !

— Souffle, dit impérieusement l’incendiaire, et puis, parle vite !

Le gamin respira quatre ou cinq fois coup sur coup, reprit haleine et poursuivit :

— Voici la chose : je filais dans l’allée des Dines, au Valpoiseaux, mon fagot sur la tête, et mes collets sur mon fagot. Voilà qu’on me siffle, et je reconnais Jacomet.

— Oh ! le brigand ! murmura Tison, en v’là un dont je me méfie, depuis l’affaire de la Fringale… je jurerais quasiment qu’il m’a reconnu… Aussi, qu’il vienne à me passer un soir d’affût, à trente pas dans le bois, et je lui ferai son affaire. Continue, petiot.

— Jacomet, reprit l’enfant, était avec deux bourgeois, M. Henri et un officier.

— Où allaient-ils ?

— À la Ravaudière, donc ! M. Henri veut avoir son loup.

— C’est bon ! on lui rendra son loup, ce n’est pas une affaire…

— Tiens ! on donne quinze francs… à Auxerre.

Tison haussa les épaules.

— Après… après ? fit-il avec impatience.

— V’là Jacomet qui me propose de conduire ces messieurs à la Ravaudière. On me promet trente sous… ça me