Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

va ! Jacomet s’en retourne et nous v’là partis… mais l’officier, c’est un capitaine, je crois, m’avait tapé dans l’œil, il me chiffonnait… Je l’ai fait jaser… Il marque mal, comme disent les gendarmes… Quand nous avons été au bord du bois, en vue de la Ravaudière, je leur ai dit : « Le chemin est tout droit, voilà la ferme, bonsoir. »

— Je suis rentré dans le fourré et je me suis collé à plat ventre. Ça fait que je les ai entendus causer.

— Et qu’ont-ils dit ?

— Le capitaine a dit : « Je ne fais pas la chasse aux braconniers, mais aux incendiaires. »

Tison jeta un cri.

— Ah ! la canaille ! dit-il, je sais qui c’est…

— Tiens ! vous le connaissez ?

— Non, mais on m’a prévenu.

Les deux hommes noircis et le Bouquin regardèrent le chef avec curiosité.

— Faut plus faire de bêtises, faut jouer serré, maintenant, dit Tison. On ne m’avait point trompé en me disant que le gouvernement avait envoyé par ici un officier qui est chargé de nous exterminer, et qui a le pouvoir de tout faire, même de changer le préfet. — Et tu dis qu’il est avec M. Henri ?

— Oui.

— Eh bien ! fit Tison d’un air ironique, je comprends pourquoi, maintenant, on songe à brûler le château des Roches.

— Pourquoi donc ça ? demanda naïvement Bouquin.

— Mais, imbécile, dit Tison ; parce que M. Henri loge l’officier…