Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/142

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— Ah ! c’est juste…

— Et les chefs l’ont su ?

— Mais un moment, dit l’incendiaire qu’on appelait la Bourée de son nom de guerre, il y a quelque chose qui me chiffonne…

— Quoi ?

— Pour qui travaillons-nous ?

— Pour nous, donc !

— C’est-à-dire que nous profitons du brûlage, et qu’on nous abandonne le butin.

— Tu vois donc bien, dit Tison qui prit un air naïf, tu vois donc bien que nous travaillons pour nous.

— Oui, mais on nous paye.

— Sans doute.

— Alors, ce n’est pas seulement pour nous, observa la Bise à son tour.

— Eh bien ! nous travaillons pour ceux qui nous payent.

— Voilà justement, reprit la Bourée, ce que je veux savoir.

— Tu veux savoir qui nous paye ?

— Oui.

— Mon gars, dit Tison, je commence par te faire observer que, lorsque je t’ai enrôlé, tu ne m’en as pas demandé si long, ni toi, ni tes camarades.

— Oui, mais je veux savoir, maintenant.

— Et pourquoi cela ?

— Mais parce que cela m’embête de risquer ma peau tous les jours.