Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/152

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Ces deux dernières étaient les chambres dites de réserve.

On les donnait au nouveau propriétaire, quand il venait visiter sa ferme, comme on les avait données à l’ancien, c’est-à-dire à M. le marquis de Vernières, l’oncle du comte Henri, qui s’était fait tuer à l’armée de Condé.

Ce fut pour aller faire les lits d’Henri et du capitaine que la mère Brulé sortit, après avoir pris des draps dans un grand bahut de frêne, et prié Sulpice de se munir d’une lanterne pour l’éclairer.

En traversant la cour, la fermière se pencha à l’oreille de son fils :

— Seigneur-Dieu ! lui dit-elle, je suis à la mort de penser que M. Henri va coucher ici.

— Mais pourquoi donc ça, mère ? demanda Sulpice naïvement.

— Parce que Lucrèce le verra ou l’entendra.

Le bon Sulpice hocha la tête :

— Ah ! dit-il, j’ai dans l’idée que la pauvre sœur ne pense plus à M. Henri.

— Tu crois ?

— Hélas ! soupira le fils Brulé, je crois qu’elle a eu d’autres malheurs depuis ce temps.

— Eh bien, fit la mère Brulé, si c’est comme ça, nous la consolerons de notre mieux… nous verrons… tout se passe, à la fin des fins…

Comme ils atteignaient le petit escalier qui grimpait dans le bâtiment des fourrages et conduisait aux trois chambres, la mère Brulé ajouta :

— Pourvu que ton père n’ait pas l’idée d’accompagner ces messieurs.