Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/159

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— Oui et non, dit le capitaine ; mais ce n’est point cela qui m’occupe.

— Ah !

— Connais-tu beaucoup ce fermier ?

— Il est né dans sa ferme, et sa ferme a appartenu cent ans et plus à ma famille ; c’est un fort brave homme.

— Tu crois ?

— Oh ! certes !

— C’est bizarre… il ne me revient pas.

— Quelle folie !

— Quant à son fils…

— Oh ! celui-là, dit Henri en riant, je te l’abandonne… c’est un chenapan.

— Et peut-être bien un incendiaire…

— Halte-là ! dit Henri, tu vas trop loin… les Brulé sont d’honnêtes gens… J’en réponds…

— Ah ! c’est différent.

Et le capitaine continua à délacer ses guêtres ; puis, après un silence :

— Au fait, ne m’as-tu pas dit que tu ne croyais pas aux incendiaires.

— Je sais qu’il y a beaucoup d’incendiés depuis quelque temps, mais…

— Mais ? fit Victor Bernier.

— Mais je ne crois pas à des bandes organisées.

— Ah !

— Et comme je n’aime pas à faire de mauvais rêves, ajouta le comte Henri, je vais, pour ne m’y point préparer par des conversations sinistres, me mettre au lit sur-le-champ. Bonsoir, Victor.