Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/160

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— Bonsoir, Henri.

Le comte Henri ferma sa porte, se posa sur son lit tout habillé, souffla sa chandelle et attendit.

Il attendit que le capitaine se fût mis au lit pareillement et eût éteint sa lumière.

Quelques minutes après, un ronflement sonore vint apprendre au comte Henri que l’officier dormait.

Alors, le jeune homme ouvrit sa croisée sans bruit, se pencha au dehors et écouta.

La neige avait cessé de tomber. Le silence le plus profond régnait dans la ferme où toute lumière était éteinte.

La fenêtre était à six pieds à peine du sol.

Le comte Henri prit son fusil, se dressa sur l’entablement de la fenêtre, et sauta lestement à terre, tombant sur ses pieds avec la précision et la légèreté d’un clown.

Après quoi, il traversa la cour, ouvrit la claie qui fermait le potager et gagna une des brèches de la haie vive.

— Je serai bien de retour demain matin, avant l’aube, se dit-il en s’éloignant de la ferme.

Le comte Henri reprit, malgré la neige et le froid, le chemin qu’il avait suivi quelques heures plus tôt, c’est-à-dire cette grande allée forestière qui s’en allait à travers bois jusqu’à la cabane de Jacomet le bûcheron.

Il marcha pendant une heure environ d’un pas rapide, bien que la neige fût tombée en abondance, et il ne s’arrêta qu’à l’angle formé par une autre allée, qui coupait celle qu’il avait suivie jusque-là perpendiculairement. C’était à l’extrémité nord de cette dernière route forestière que le capitaine Victor Bernier avait, en passant dans