Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/166

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Aussi, quand un matin on apprit que mademoiselle de Vernières renonçait à épouser son cousin, pour apporter sa main et sa fortune, qui était considérable, au chef de brigade Solérol, un officier de fortune, et qui ne devait son avancement militaire qu’à des circonstances mystérieuses, éprouva-t-on dans tout le pays environnant une surprise mêlée de consternation.

Le mariage s’était fait le premier thermidor, c’est-à-dire neuf jours avant la chute de Robespierre et du parti montagnard.

Henri de Vernières avait témoigné une douleur morne et résignée, une douleur sans éclat, — et cela contre toute attente encore, — car ce mariage devait ruiner toutes ses espérances de fortune.

Pourquoi et comment cette union s’était-elle accomplie ?

Voilà ce que nul ne savait d’Auxerre à Clamecy, et d’Avallon à Sens.

Tout ce qu’on avait appris, c’est que, un soir, après avoir passé la journée chez ses cousins au château des Roches, et fixé son mariage avec Henri aux premiers jours du mois de septembre prochain, mademoiselle de Vernières était rentrée aux Saulayes.

Là, elle avait trouvé un inconnu qui arrivait de Paris à franc étrier et lui avait remis une lettre,

Mademoiselle de Vernières était partie sur-le-champ, et, pendant un mois, on n’avait su ce qu’elle était devenue.

Au bout de ce temps, elle avait reparu aux Saulayes.