Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/167

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Seulement elle s’appelait madame Solérol et était accompagnée de son mari.

Le général en chef de brigade Solérol devait, disait-on, son avancement à Robespierre. Il avait servi dans l’armée du Rhin, en Vendée et en Bretagne.

À l’époque de son mariage, il commandait une brigade de l’armée de Paris.

C’était un homme de quarante-cinq ans, au visage sinistre, au regard empreint de méchanceté.

Fils d’un ancien tabellion de Coulanges, la Révolution l’avait trouvé clerc de procureur à Paris. À la chute de Robespierre, il était général. Trois années lui avaient suffi pour faire ainsi son chemin.

Le parti thermidorien l’avait mis de côté. On l’avait placé dans le cadre de réserve et invité à quitter Paris pour quelques jours.

Le chef de brigade avait obéi d’abord.

Il avait passé dix mois aux Saulayes. Puis, au bout de ce temps, il était reparti pour Paris, laissant sa jeune femme dans le château bourguignon.

Plus d’une année s’était écoulée depuis son départ.

Un jour même, le bruit de sa mort avait couru, et, dans le pays, ce bruit avait été accueilli avec une sorte de joie.

On avait cru un moment que la réaction thermidorienne l’avait enveloppé dans une de ses fournées de condamnés qu’on appelait la queue de Robespierre.

Mais un matin, le général reparut.

Il revint aux Saulayes, et de ce jour, Henri de Vernières cessa, ostensiblement du moins, de venir voir sa cousine.