Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/17

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dit madame Tallien, qui était redevenue souriante et calme.

— Et sur le siège de votre voiture, ajouta l’officier.

Madame Tallien fit un signe, le cuisinier grimpa à côté des deux laquais, l’officier salua et le fringant équipage continua sa route.

On traversa Charenton, on atteignit Alfort, sans que Marion et madame Tallien, absorbées toutes deux par des pensées différentes sans doute, eussent songé à reprendre leur conversation que l’officier de garde civique avait interrompue.

La nuit était venue.

C’était une nuit obscure, bien que le ciel fût étoilé ; et la lueur rouge des lanternes du carrosse éclaira bientôt un épais rideau d’arbres aux deux côtés de la route.

— Nous approchons, dit alors madame Tallien.

— Ah ! fit Marion qui songeait à l’homme mystérieux qui avait fendu la foule, aux abords de Tivoli, pour lui donner l’ordre de suivre madame Tallien.

Mais tout à coup, le prétendu cuisinier qui retournait à Grosbois en toute hâte et craignait d’être chassé, se dressa sur le siège et cria, d’une voix impérieuse, aux postillons :

— Halte !

Et dociles à cette voix, les postillons s’arrêtèrent.

En même temps, madame Tallien et Marion virent deux hommes à cheval sortir du bois et se placer en travers de la route.