II
Marion eut peur.
Mais, sans doute, madame Tallien s’attendait à cette péripétie de son voyage, car elle demeura souriante et calme.
— Ô mon Dieu ! dit Marion, pourquoi s’arrête-t-on et pourquoi ces gens à cheval se mettent-ils en travers de la route ?
— Ce n’est rien, dit madame Tallien. Vous allez voir que ce sont des amis.
En effet, le prétendu cuisinier descendit du siège, vint à la portière du carrosse ; il ôta respectueusement le bonnet bleu dont il était coiffé.
— Mille pardons, ma belle dame, dit-il, de me présenter à vous en semblable équipage.
— En effet, mon cher baron, répondit madame Tallien en souriant, il faut vous avoir beaucoup connu jadis pour vous reconnaître aujourd’hui.
— Les temps sont si durs ! murmura le prétendu cuisinier.
— Eh bien, dit madame Tallien, m’expliquerez-vous maintenant tous ces mystères ?
— Oui et non.
— Comment cela, baron ?