Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/19

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— Vous avez reçu un billet ce matin, n’est-ce pas, madame ?

— Oui, et ce billet était signé de vous, ou plutôt de votre nom de guerre.

— Ce qui est exactement la même chose. Or, dans ce billet, je vous suppliais de vouloir bien faire monter Marion dans votre voiture.

— Vous voyez que j’ai obéi.

— Je vous disais, en outre, qu’un ami déguisé monterait sur le siège, à la barrière, et que d’autres amis se permettraient de vous faire une petite visite en plein air, à l’entrée des bois.

— Fort bien, dit madame Tallien, l’ami de la barrière, c’était vous.

— Et les cavaliers que vous voyez, là-bas, les amis dont je vous ai parlé.

Marion n’avait jamais vu, — du moins elle le croyait, — l’homme qui s’adressait à madame Tallien.

Son visage lui était parfaitement inconnu, — mais sa voix, jeune et sympathique, du reste, avait déjà vibré à son oreille.

— Où donc l’ai-je entendue ? se demanda-t-elle.

Le prétendu cuisinier que madame Tallien avait, à mi-voix, qualifié du titre de baron, appuya l’index et le médium de sa main gauche sur ses lèvres, les écarta légèrement et fit entendre un coup de sifflet.

Aussitôt, les deux hommes à cheval s’approchèrent.

L’un d’eux vint se placer dans le cercle lumineux décrit par les lanternes du carrosse, et Marion pâlit en le reconnaissant.