Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/188

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Cadenet eut un geste de dégoût.

— Tout corrompus qu’ils sont, nos chers directeurs savent encore distinguer un soldat d’un bourreau.

— Voyons, Cadenet, dit Machefer, il faut pourtant que je sache tout.

— Que veux-tu dire ?

— Je devine tout et ne sais rien. Je veux savoir.

— Mais quoi ?

— L’histoire de cet homme et de son mariage avec mademoiselle de Vernières, notre bonne et fidèle alliée, le seul homme de ce pays-ci.

— Mon cher Baron, dit Cadenet avec tristesse, quand mademoiselle de Vernières est revenue de Paris mariée à cet homme, il y a eu un cri d’étonnement et d’indignation partout, mais elle a gardé le silence et nul n’a osé la soupçonner…

— Oh ! je sais bien dit Machefer, qu’elle est au-dessus de tout soupçon ; mais enfin, pourquoi, comment… est-elle devenue la femme de Solérol ?

— C’est un secret épouvantable.

— Et… ce secret ?

— Quatre hommes l’ont su… deux sont morts… Robespierre était un de ces deux-là.

— Et les deux autres ?

— C’est Henri d’abord.

— Et puis ?

— Et puis moi.

— Tiens, dit Machefer, je crois deviner, mademoiselle de Vernières a consenti à épouser le chef de brigade pour