C’était l’homme qui, deux heures auparavant, s’était approché d’elle à la porte de Tivoli.
— Cadenet ! murmura madame Tallien.
Celui qui répondait à ce nom, et dont la vue troublait si fort Marion, mit un doigt sur ses lèvres et la regarda fixement.
Pendant ce temps, le cuisinier-baron disait à madame Tallien :
— Il est dangereux de vous aller voir à Paris, et nous sommes si bien surveillés, mes amis et moi, par la police du Directoire, que c’eût été folie de s’adresser directement à vous, ce matin.
— Expliquez-vous donc, baron.
— Madame, reprit le prétendu cuisinier, vous souvenez-vous du temps où vous vous appeliez madame de Fontenay[1] ?
— Je n’ai garde, en vérité, de l’oublier, mon cher baron.
— Eh bien ! en ce temps-là, vous me fîtes une promesse.
— C’est vrai. Je vous promis de vous rendre un jour tel service en mon pouvoir que vous me pourriez demander.
— Aussi, ai-je compté sur vous, et l’heure de me rendre ce service étant venue…
— Que faut-il faire ? demanda madame Tallien.
— Me permettre d’abord de prendre dans le caisson de votre carrosse un coffre qui m’appartient…
- ↑ Voir les premiers épisodes de cet ouvrage, qui ont été publiés sous les titres de Farandole, le Marseillais et le Chevalier de Rochemaure.