Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/204

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— Et bien ! qu’elle se taise alors ?

— Je ne veux pas qu’il brûle, je ne le veux pas, dit la jeune femme, qui retrouva une énergie subite.

— Mais qui donc brûle, et pourquoi cries-tu au feu ? demanda la fermière.

— Ah ! s’écria Brulé, dont la voix couvait des colères terribles, si vous ne vous taisez pas, je vous tue !

Et il reprit sa fille à la gorge et la menaça de son couteau.

L’épouvante de la pauvre mère fut si grande, qu’elle n’eut pas la force de jeter un cri, et qu’elle tomba à genoux et les mains jointes.

— Mais malheureux, murmura-t-elle d’une voix brisée, c’est ta fille !

Brulé lui dit :

— Femme, je suis de parole ; si tu veux remonter dans ta chambre, je te jure que je ne lui ferai point de mal. Si tu restes, je la tue.

Et pour la troisième fois, il leva son couteau sur la poitrine de sa fille.

L’épouvante donna des forces pour fuir à la mère Brulé.

Elle se sauva dans sa chambre pour que sa fille ne mourût pas.

— À nous donc, maintenant ? dit alors le père Brulé.

Et tenant toujours sa fille à la gorge, il ajouta :

— Je sais ce dont tu as peur… tu as peur que M. Henri ne brûle… Eh bien ! rassure-toi, il n’est pas ici, il est au château.

Lucrèce se débattait, toujours sous les mains de fer de son père :