Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/211

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— Moi, dit le Bouquin, je n’en crains qu’un seul, pour parler franc.

— Lequel ?

— Jacomet.

— Ah ! tu le crains, celui-là ?

— Comme le feu.

— T’es bête, dit un des incendiaires ; quand on fait notre métier, on ne craint pas le feu.

— Soit, mais je crains Jacomet.

— Pourquoi ?

— Parce qu’il en veut à mon père.

— Tiens ! je ne savais pas…

— Oh ! moi non plus, dit le Bouquin, je ne sais pas pourquoi… mais je sais qu’ils s’en veulent, mon père et lui….

— Eh bien ! quand tu le rencontrerais… après tout…

— Chut ! dit le Bouquin, je vais vous conter la chose.

L’enfant et les trois incendiaires avaient ainsi causé en s’éloignant de la ferme et en gagnant les bois à travers champs.

Quand ils eurent atteint la lisière de la forêt, le Bouquin s’assit un moment.

— Vous souvenez-vous, dit-il, de l’incendie de la Fringale ?

— Si je m’en souviens, dit La Bise. C’est moi qui ai mis le feu dans l’étable.

— Oui, vous vous êtes sauvés.

— Parbleu !

— Mon père est resté le dernier, et comme il se sauvait à son tour, il a rencontré Jacomet.