Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/212

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— Ah !

— Jacomet venait au secours du fermier de la Fringale.

— Eh bien ! dit La Bise en riant, il est arrivé trop tard.

— Oui, mais il a reconnu mon père, malgré son capuchon

— Tu es sûr ?

— Oui, et mon père aussi.

— Sois, tranquille, Jacomet ne dira rien. Il a trop peur d’un coup de fusil.

— Tu te trompes… ce n’est pas de cela qu’il a peur.

— De qui donc, alors.

— Oh ! je ne sais pas au juste… mais s’il n’a rien dit jusqu’à présent, c’est qu’il a ses raisons… Bonsoir, camarades…

— Comment ! tu entres sous bois ?

— Oui.

— Et où vas-tu ?

— Je vous l’ai dit, répondit le Bouquin, qui sauta le fossé, je vais tendre un collet à chevreuil. Ça fait que si on me soupçonne, je prouverai que j’étais dans le bois, tandis que la ferme brûlait.

Chacun des incendiaires prit un chemin différent sous bois, et le Bouquin s’enfonça du côté où le bois devenait épais et serré, — le chevreuil ayant coutume de faire sa nuit dans les parties, de forêt les plus broussailleuses.

Il avait son fusil sur l’épaule.

Bouquin ne marchait jamais sans son fusil.

— Je sais bien, moi, dit-il, quand il fut seul, pourquoi Jacomet et mon père s’en veulent, mais ils n’ont pas besoin de le savoir, eux… c’est rapport à la demoiselle des