Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Roches… Ah ! sans elle, et s’il n’avait pas peur que mon père dise tout, il nous aurait vendus depuis longtemps, le gredin.

Tout en monologuant ainsi, le Bouquin atteignit un sentier qui était réputé pour être une passée à chevreuil.

Là, il tendit son collet, c’est-à-dire qu’il courba une branche d’arbre et la fixa à terre.

— Ah ! dit-il quand il eut terminé cette opération avec une adresse infinie. Puis il murmura :

— Si j’avais le choix, ce n’est pas un chevreuil que je voudrais prendre.

Puis, revenant sur ses pas :

— Allons voir brûler la ferme ! J’aime ça, moi, l’incendie. Oh ! on brûlerait pour le plaisir de brûler !

Et l’enfant parlant ainsi, atteignit un rocher qui s’élevait au milieu des bois, à un quart de lieue de distance de la ferme.

La ferme était en flammes ; elle éclairait au loin les bois et la plaine, et le Bouquin, du lieu où il était parvenu, put saisir dans ses moindres détails l’épouvantable et majestueux spectacle du sinistre.

Les valets de ferme, les femmes couraient dans les champs, essayant de sauver qui un meuble, qui un sac de blé.

Les chevaux, les vaches, les moutons galopaient éperdus à travers les poutres enflammées, les pans de mur qui s’écroulaient.

Des cris de désespoir arrivaient jusqu’au Bouquin, sur l’aile d’un vent embrasé.