— Marche ! répéta Jacomet d’une voix tonnante, marche, ou je t’envoie une balle dans le dos.
Le Bouquin comprit qu’il fallait obéir ; et Jacomet, le prenant au collet, le poussa devant lui, ayant son fusil en bandoulière, et celui du Bouquin à la main.
Le Bouquin se mit à pleurer, et, tout en pleurant, il disait :
— Qu’est-ce que ça te fait que j’aie mis le feu ?… est-ce que ça te regarde, toi ?
— Tu le verras bien ?… Marche toujours.
Le bûcheron avait fait prendre au Bouquin un sentier à travers bois.
— Où allons-nous par là ? demanda le gamin.
— Rejoindre le chemin de Courson.
— Bon ! pensa le Bouquin… attends… tu trouveras peut-être à t’amuser en route.
Et comme ils arrivaient à un endroit où le bois était touffu, le Bouquin fit un violent effort, donna une brusque secousse à Jacomet, et celui-ci poussa un cri.
Il venait d’être enlevé de terre par le collet à chevreuil que le Bouquin avait tendu tout à l’heure, piège terrible, de l’étreinte duquel un sanglier lui-même ne peut se débarrasser.
Seulement, au lieu d’avoir été pris par le cou, Jacomet l’était par le milieu du corps.
Et le fusil, qu’il tenait à la main venait de lui échapper.
— Voilà que le gibier devient chasseur, dit le Bouquin.
Il ramassa le fusil, ajusta le malheureux Jacomet et fit feu !…