Les deux amis tressaillirent.
— Pourquoi donc ? demanda Cadenet.
— Mais parce que le chef de brigade est un homme bien méchant, allez… et qu’il veut du mal à M. Henri.
— Comment sais-tu cela, petite ?
— Je m’en doutais depuis longtemps… mais… hier soir…
— Eh bien, hier soir ? fit Cadenet.
— Si je vous dis la chose, demanda Myette, vous n’en parlerez pas à mon père, n’est-ce pas ?
— Je te le promets.
— Il le sait bien, lui aussi, mais il m’a dit sèchement hier : « Ça ne te regarde pas !… » Mais, voyez-vous, j’aime M. Henri… comme mon parrain qu’il est…
— Rien que comme cela ? fit Cadenet en souriant.
Myette rougit jusqu’au blanc des yeux et baissa la tête.
— Continue, ma petite, dit Cadenet. Que t’est-il arrivé hier ?
— Il faut vous dire que la neige que vous voyez, reprit Myette, n’est tombée que dans la nuit suivante, ce qui fait que j’étais en forêt à ramasser du bois mort. Il était nuit approchant, et, mon fagot fait, comme je savais mon père au four à plâtre, je m’étais assise au pied d’un arbre et j’attendais qu’il me rejoignît pour rentrer faire ma soupe. Voilà que tout à coup j’entends marcher, puis la voix de deux hommes qui parlaient tout bas. J’ai reconnu que c’était le général ; alors, je n’ai plus bougé… car j’avais bien peur.
— Mais tu as écouté ?