Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/236

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— N’êtes-vous pas soldat ?

— Sans doute.

— Vous servez la République…

— Mais non la guillotine, dit Bernier, et ce n’est point mon métier d’arrêter les aristocrates.

Elle tressaillit de se voir ainsi devinée.

— Quoi ! vous savez, dit-elle.

— Je ne sais rien… mais je suppose que l’homme que vous attendez est un ci-devant…

— Oui.

— Et que… vous l’aimez !…

— Non, dit-elle.

Il se leva et fit un pas vers la porte.

— Restez ! dit-elle enfin.

— Vous avez encore besoin de moi !

Et il y avait une nuance d’ironie dans sa voix. Mais elle lui prit les deux mains et les serra tendrement :

— Vous êtes un noble cœur, dit-elle, et je vais tout vous dire.

— Parlez…

— Il est un homme qui vient chez moi presque chaque nuit… ce n’est pas mon amant… je vous le jure… c’est lui qui a sifflé dans la rue… À cette heure il monte l’escalier…

— Eh bien ?

— Eh bien ! cet homme va venir ici, et je ne veux pas que vous le voyiez.

— Faut-il que je m’en aille ?

— Non.

— Alors, parlez, j’obéirai.