Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/242

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Il descendit dans la cour de la caserne et y trouva le capitaine Solérol. Le capitaine était d’humeur charmante, et il n’avait plus ce visage bouleversé, ces lèvres bordées d’écume et ces yeux sanglants que Bernier lui avait vus la veille au cabaret de la rue André-des-Arts.

Le capitaine salua le sergent et lui dit :

— En revenant de l’exercice, nous causerons.

— Soit, dit Bernier.

En effet, une heure après, quand la demi-brigade revint de la manœuvre, le capitaine passa familièrement son bras sous le bras du sergent et lui dit.

— J’étais un peu gris, hier soir.

— Ah ! fit Bernier.

— J’ai rencontré une jolie fille qui rôdait dans la rue, j’ai voulu l’aborder… elle a eu peur… vous savez le reste.

— Comment ! dit Bernier, vous ne la connaissiez pas ?

— Ma foi, non.

— Je sais bien le contraire, moi, pensa Bernier, mais je ne te contredirai pas ! Eh bien ! dit-il tout haut en riant, vous ne m’en voulez pas de l’avoir défendue, au moins ?

— Au contraire, répondit le capitaine Solérol. Vous m’avez dégrisé, c’est un service que vous m’avez rendu.

On rentra à la caserne et le capitaine quitta Bernier pour aller déjeuner.

Peu après son départ, un homme se présenta et demanda le sergent Bernier.

Cet homme était un commissionnaire de coin de rue.

Il était porteur d’une lettre qu’il remit au sergent.

Bernier eut un battement de cœur. Il ouvrit la lettre et lut :