Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/254

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cette femme était évanouie.

Cet homme avait les cheveux et la barbe calcinés, les vêtements en lambeaux, l’œil hagard et fiévreux.

Cette femme, c’était Lucrèce, — cet homme, le capitaine Victor Bernier.

À sa vue, Cadenet et Machefer étouffèrent un cri…

Le capitaine était si bouleversé que, bien qu’il eût eu sans doute autrefois des relations avec Cadenet, il ne le reconnut pas et le prit pour un paysan.

En effet, Cadenet était coiffé d’une casquette et vêtu d’une blouse.

Quant à Machefer, Victor Bernier ne l’avait jamais vu.

Le capitaine ne vit pas davantage, tout d’abord, le bûcheron Jacomet couché mourant dans son lit.

Il déposa Lucrèce sur une chaise, en disant :

— Mes bons amis, pardonnez-moi d’entrer chez vous comme ça… mais nous venons d’échapper à la mort par miracle… et voilà une femme qui a perdu connaissance.

En parlant ainsi, il s’était agenouillé devant la femme évanouie et lui frottait les mains pour la faire revenir à elle.

L’entrée du capitaine et tout ce qui s’en était suivi avait été si rapide, que ni Cadenet, ni Machefer, ni Myette n’avaient encore pu prononcer un mot.

Enfin Myette prit la parole la première, et dit :

— Vous venez dans un mauvais moment, monsieur. Nous n’avons qu’un lit, et mon père est couché dedans.

Alors seulement, le capitaine vit le blessé. La courtine du lit ensanglantée confirmait les paroles de Myette.

— Excusez-moi, dit-il, votre maison est la première que