Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

j’ai trouvée en courant à travers bois pour fuir de l’incendie. Et puis Lucrèce, qui m’avait d’abord montré le chemin, s’est évanouie de faiblesse.

— Lucrèce ! murmura Cadenet qui se pencha pour examiner le visage de la femme évanouie.

— Lucrèce ! répéta Myette qui la regarda et la reconnut à son tour.

— Vous la connaissez ! fit le capitaine avec étonnement.

— Mais, c’est la fille au père Brulé !

Cette révélation arracha un cri au capitaine, car, chose étrange, il ne s’était point demandé encore comment il se pouvait faire que Lucrèce fût à la ferme.

Et Lucrèce n’avait pas songé à le lui dire.

Lucrèce, affolée, éperdue, l’avait entraîné loin de la ferme en flammes, et une fois dans le bois, sa faiblesse extrême l’avait trahie. Elle s’était affaissée sans connaissance dans les bras du capitaine.

Celui-ci l’avait alors chargée sur ses épaules et l’avait emportée marchant droit devant lui.

La cabane de Jacomet s’était trouvée sur ses pas ; il y était entré, guidé par le filet de lumière qui passait au travers de sa porte mal jointe. Là seulement il s’était reconnu.

Jacomet avait repris toute sa lucidité d’esprit, mais il parlait difficilement.

Lui aussi, il reconnut Lucrèce et il balbutia :

— On la croyait morte !

Cadenet avait changé un regard avec Machefer ; ce regard voulait dire :

— Sortons !

En effet, le jeune royaliste se glissa jusqu’à la porte,