Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/26

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Madame Tallien entra dans la cour de Grosbois traînée par une jeunesse enthousiaste.

Elle monta dans les salons, portée en triomphe par les merveilleuses.

Ce n’était pas de la joie, mais du délire, et, comme si on se fut trouvé à la salle Feydau ou à celle de l’Opéra, on se mit à applaudir, et les battements de mains durèrent plusieurs minutes.

Ce ne fut que lorsque cet enthousiasme se fut un peu calmé, qu’on s’aperçut que madame Tallien n’était point arrivée toute seule. Mais elle avait si bien concentré tout d’abord l’attention générale, que nul n’avait pris garde à Marion, — pas même Barras qui, cependant, avait ouvert lui-même la portière du carrosse.

Madame Tallien fit signe qu’elle voulait parler et, aux applaudissements frénétiques, aux murmures enthousiastes, succéda un respectueux silence.

Madame Tallien voulait parler, il était du devoir de tous de l’écouter.

Elle se retourna et prit par la main Marion qui l’avait suivie et que nul n’avait vue encore, et la présenta au citoyen Barras en lui disant :

— Vous avez à coup sûr bien des jolies femmes ici, mais vous n’en avez pas de plus belle que celle-là.

— Marion ! c’est Marion !

— C’est la bouquetière de Tivoli.

— C’est la belle, l’inimitable Marion ! s’écrièrent cent voix.

Et les mirliflors, les incroyables, la jeunesse dorée, en