Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/27

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un mot, de battre des mains en criant bravo ! et d’entourer Marion émue et rougissante.

— Citoyen directeur, poursuivit madame Tallien, voici le dernier bouquet de Marion ; il est pour vous.

Barras prit le bouquet des mains de Marion, puis il l’offrit à madame Tallien, qui le mit à sa ceinture.

Chose assez bizarre, si on songe à la popularité dont jouissait Marion, Barras ne l’avait jamais vue.

Chose plus bizarre encore, le directeur ne put s’empêcher de tressaillir en voyant Marion comme si cette femme, encore inconnue, devait un jour exercer une influence sur sa destinée.

— Ô la belle créature ! murmura-t-il à l’oreille de madame Tallien.

Celle-ci, tenant toujours Marion par la main, passa son bras sous celui de Barras et l’entraîna dans un petit salon d’où la foule se hâta de sortir.

Le peuple de madame Tallien était non moins discret qu’ardent, et il sut s’écarter de son idole qui voulait causer tête à tête avec le citoyen Barras.

L’orchestre, un moment suspendu, reprit ses fonctions, et on se remit à danser.

Pendant ce temps, madame Tallien disait au directeur.

— Comment sont reçus vos invités à la grille du château ?

— Mais… je ne sais pas… dit Barras qui ne comprit pas bien la question.

— Dame ! je ne suppose pas qu’on laisse entrer chez vous sans lettres d’invitation.