Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/265

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

» — Toujours et plus que jamais, répondis-je.

» — Henri court un grand danger, reprit-il, et vous seule pouvez le sauver…

» — Ah ! parlez ! m’écriai-je, parlez ! et s’il faut ma vie, je suis prête à mourir.

» — Non, me dit-il, ce n’est point cela. Il faut que vous passiez pour ma maîtresse.

» Cette proposition était si étrange que je le regardai avec une sorte de stupeur.

» Il tira alors de sa poche un papier qu’il mit sous mes yeux.

» Je jetai un cri. C’était un ordre d’arrestation concernant Henri et signé du terrible nom de Fouquier-Tinville.

» À partir de ce moment, je devins folle ! ce qu’il voulut, je le voulus…

» Il m’installa ici, me fit endosser des robes de soie et de velours et me donna des officieux.

» Le jour, il sortait me donnant le bras. Le soir, il se retirait protestant de son amour pour moi.

» Un soir, il m’annonça que nous aurions du monde, c’est-à-dire quelques amis qu’il avait priés à un thé à l’anglaise.

» Ces amis vinrent.

» Je fus fort étonnée de trouver parmi eux des nobles, des ci-devant et des hommes en carmagnole.

» Ma beauté fit sur eux une grande impression. Mais tous me parlèrent avec respect… Un seul, le capitaine Solérol !…

— Comment ! interrompit Bernier, lui aussi ?

— Lui, répondit la Lucrétia, lui qui se montra d’une