Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/266

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

galanterie de mauvais goût, d’un empressement grossier qui me révolta.

» Tous ces hommes causèrent de vagues projets auxquels je ne compris pas grand’chose, si ce n’est qu’il était question d’un autre gouvernement que celui de la République et que, dans ce gouvernement, le marquis Jutault serait général et redeviendrait marquis.

» Dès lors je fus convaincue que ma maison, mon salon, comme disait le marquis, allait devenir le foyer d’une conspiration royaliste.

» Mais que m’importait tout cela, pourvu que mon Henri ne fût point traduit devant le tribunal révolutionnaire.

» Le lendemain et les jours suivants, tous ces hommes revinrent, et avec eux le capitaine Solérol ?

» Il devenait plus insolent, plus effronté avec moi.

» J’en fis l’observation au marquis de Jutault.

» — Ah ! me dit-il, je sais tout cela, et j’ai cet homme en horreur. Mais, pour l’amour de moi, pour celui d’Henri, souffrez ses brutalités ; mais nous avons besoin de lui.

» Or, voici deux mois que cela dure, acheva la Lucrétia. Cet homme est amoureux fou de moi, tout comme le marquis de Jutault.

» Il me poursuit sans relâche. Si je sors il est au coin de la rue, et il me suit. La nuit dernière, il a voulu me tuer, parce que je le repoussais avec indignation. »

— Mais enfin, dit Bernier, l’autre, ce marquis dont vous parlez, ne vous peut-il débarrasser des importunités du capitaine ?

— Il me répond qu’il a besoin de lui.