Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/267

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— Madame, reprit le sergent Bernier, je crois que vous êtes la victime de quelque infâme intrigue…

La Lucrétia tressaillit.

— Et que le marquis et le capitaine Solérol s’entendent pour…

Il s’arrêta, n’osant achever.

— Oh ! dites, dites ! fit-elle.

Mais Bernier n’eut pas le temps d’achever, car un violent coup de sonnette se fit entendre dans l’antichambre.

Soudain la Lucrétia pâlit.

— Ô mon Dieu ! dit-elle, c’est encore lui !

— Le capitaine ?

— Oui, car le marquis a quitté Paris ce matin et ne reviendra que ce soir.

Un second coup de sonnette se fît entendre, plus violent, plus impérieux.

— Je n’ouvrirai pas, dit-elle.

— Non, dit Bernier, ouvrez, au contraire !… Je vais me cacher là, derrière ce paravent… Je veux tout savoir… car cette histoire est de plus en plus ténébreuse.

Et Bernier passa derrière le paravent.

En même temps, une officieuse, une jeune fille de dix-sept ans, que, en d’autres temps, on eût appelée une femme de femme, entr’ouvrit la porte et dit :

— Faut-il ouvrir ?

— Oui, ouvre, Marion, répondit la Lucrétia.

— Mon Dieu ! fit la jeune fille avec effroi, c’est le capitaine… j’étais à la fenêtre… je l’ai vu traverser la rue…

— Ouvre !

— Mais je crois qu’il est ivre.