Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/273

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— Mon petit marquis, Lucrétia sera jugée aujourd’hui et guillotinée ce soir. Veux-tu la sauver ?

— Si je veux ! s’écria le marquis.

— Veux-tu en outre, devenir général de la République.

Le marquis regarda Solérol avec stupeur.

— Écoute, poursuivit le capitaine, je sers qui me paye. J’ai failli être ton homme, mais j’ai vu Robespierre, et je lui ai tout dit…

— Misérable ! dit le marquis.

— Tu en aurais fait autant à ma place. Grâce à mes révélations, je passe colonel. Voyons, veux-tu être des nôtres, ou veux-tu aller à l’échafaud avec ta Lucrétia.

— Quel misérable que cet homme ! interrompit Machefer.

— Attends encore, reprit Cadenet.

Il se fit alors, entre ces deux hommes, un pacte infâme. Le marquis écrivit une lettre à Robespierre, dans laquelle il dénonçait la conspiration des chevaliers du Poignard et nommait ses complices.

En échange, le capitaine lui remit un brevet de général avec un nom en blanc.

Le lendemain, la Lucrétia sortit de prison.

Trois jours après, les chevaliers du Poignard furent arrêtés, et, parmi eux, le marquis et un homme dont le nom va te faire tressaillir… mon frère !

— Ah ! dit Machefer, je sais cette triste histoire…

— Tu le sais, ajouta Cadenet, Marion l’aimait… et elle porte toujours son deuil…

Cadenet passa sa main sur son front et soupira.