Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/29

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— Me prévenait qu’on songeait à m’assassiner.

— Oh ! fit madame Tallien, dont le cœur battit violemment.

Mais elle n’eut pas le temps de protester contre cette affirmation de Barras, car il se fit un grand bruit dans la salle voisine, et on se reprit à applaudir comme si une seconde madame Tallien fût arrivée.

Un homme que personne ne connaissait venait d’entrer et excitait par la bizarrerie de son costume l’hilarité générale.

III

Le personnage qui venait d’entrer était couvert d’un maillot couleur de chair, et, à première vue, paraissait sortir du paradis terrestre.

Seulement le maillot était tatoué de toutes sortes de figures, de dessins allégoriques et bizarres.

Au lieu de faire son apparition comme un être ordinaire, sur ses deux pieds, il était entré en faisant la roue et marchant sur ses mains.

Arrivé au milieu du grand salon, il se planta les pieds en l’air et la tête en bas, dans une immobilité complète qui dura plusieurs minutes. Ce qui excita l’hilarité universelle.

Cette position anti-naturelle ne permettait à personne de le reconnaître, en admettant qu’il fût connu de quelqu’un, car son visage était couvert par les flots d’une chevelure