Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/30

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rousse, dont les boucles renversées ne laissaient voir que le bout de son nez.

Quand il eut bien constaté son talent de clown, le nouveau venu se remit à faire la roue, parcourut rapidement deux ou trois salles, et finit par arriver dans le petit boudoir où le citoyen Barras causait avec madame Tallien et contemplait Marion.

Là, il se remit sur ses deux pieds, et vint se planter devant le directeur.

Barras le regarda avec un étonnement mêlé d’hilarité, car il ne prit garde, tout d’abord, qu’à la perruque jaune et au visage barbouillé d’ocre, de noir et de bleu, de cet étrange invité.

Le sauvage salua et dit au directeur :

— J’ai nommé madame à vos gens, citoyen, et ils m’ont laissé pénétrer chez vous.

Le son de cette voix ne laissa aucun doute dans l’esprit de madame Tallien.

— Monsieur, dit-elle en le désignant à Barras, est un des trois amis dont je vous parlais.

Barras, qui avait ri de bon cœur à la vue du sauvage, se trouva complètement rassuré.

— J’ai affaire à un comique, se dit-il, et il ne me fait nullement l’effet d’un assassin.

Quant à Marion, elle était devenue plus pâle encore, car dans cet homme ainsi transformé, elle avait reconnu Cadenet, c’est-à-dire l’homme qui lui avait glissé quelques mots à l’oreille au seuil de Tivoli.

Cadenet, ayant salué Barras ajouta :