Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/31

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— Citoyen directeur, je suis convaincu que vous prendrez un extrême plaisir à examiner mes tatouages.

Et il promena complaisamment ses doigts sur les dessins qui ornaient son maillot couleur de chair.

— Volontiers, répondit Barras, qui n’avait d’abord vu qu’un fouillis de têtes et de caricatures.

Mais soudain le directeur, dont les yeux s’étaient arrêtés sur le thorax de Cadenet, ne put réprimer un cri de surprise et de mauvaise humeur.

La poitrine de Cadenet représentait, à l’encre rouge, une guillotine dans l’exercice de ses fonctions.

Rien n’y manquait, — ni le bourreau et ses aides, ni le peuple grouillant au pied de l’échafaud, ni le condamné qui contemplait la lunette avec stupeur.

Au-dessous de ce charmant dessin, il y avait une légende en gros caractères :

Mort du ci-devant marquis de Fontanges.

Barras lut cette légende et fronça les sourcils ; mais il n’eut pas le temps d’exprimer autrement son opinion, car le personnage appelé Cadenet fit volte-face et montra son dos, comme il avait déjà fait voir sa poitrine.

— Deuxième tableau ! dit-il.

Ce deuxième tableau représentait le tribunal révolutionnaire, avec son banc des prévenus, son avocat pour la forme, et son terrible accusateur public.

Au pied du tribunal était une jeune femme qui s’appuyait sur l’épaule d’un vieillard.

Cet autre dessin avait pareillement une légende.

La légende disait :

Condamnation du comte de Sombreuil.