Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/319

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— Je connais cela, ricana le chef de brigade.

— Je ne veux pas que nos amis soient arrêtés.

Le chef de brigade se mit à rire et haussa les épaules.

Il s’était appuyé à son lit et ne pouvait plus reculer.

— Je ne veux pas, enfin, monsieur, acheva Hélène de Vernières, qu’un homme tel que vous, un ancien pourvoyeur de l’échafaud…

— Madame !

— Un misérable, dont les épaulettes ont a peine entrevu la fumée d’un champ de bataille !…

— Ah ! prenez garde, madame ! s’écria Solérol que la colère aveugla et qui voulut se précipiter sur Hélène.

Mais cette dernière, prompte comme l’éclair, se retourna vers la commode, et le chef de brigade, stupéfait, vit briller les deux pistolets dans ses mains.

— Si vous faites un pas, lui dit-elle, je vous casse la tête.

L’accent de résolution qui brillait dans les yeux de madame Solérol ne laissa aucun doute au chef de brigade.

Faire un pas, c’était mourir !

— Monsieur, reprit Hélène, le hasard vient de vous mettre à ma discrétion, j’en userai. Si vous faites un pas, si vous jetez un cri, je vous tue comme un chien.

Solérol était devenu pâle, et il regardait sa femme avec épouvante.

— Que voulez-vous de moi ? balbutia-t-il.

— Je veux la vie de mon cousin, dit Hélène.

— Vous l’aurez.

— Je veux que son honneur soit sauf.

— Il le sera.