Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/320

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— Je veux que ni M. de Cadenet ni M. de Machefer ne soient inquiétés.

— Je vous le promets.

Elle eut un hautain sourire.

— Dieu me pardonne ! dit-elle, mais je crois que vous venez de faire un serment.

— Oui.

— Et vous avez espéré que je m’en contenterais ?

— Mais… il me semble… murmura Solérol, terrassé sous le regard de sa femme.

— Non, dit Hélène, ce n’est pas ainsi que j’entends les choses…

Et elle leva un des pistolets à la hauteur du front du général.

Celui-ci recula précipitamment.

— Tenez, dit Hélène, un seul scrupule me vient et va m’empêcher peut-être de vous tuer sur-le-champ.

— Grâce ! murmura Solérol, qui tremblait en face de ce canon de pistolet que tenait une femme.

— Grâce ! fit-elle, grâce pour vous ? mais avez-vous eu pitié de quelqu’un ? avez-vous jamais fait grâce ?

Et de sa main gauche, elle eut un geste impérieux et lui dit encore :

— Tenez-vous à distance, et écoutez-moi.

Le général alla de nouveau s’adosser à son lit.

— Dieu m’est témoin, poursuivit Hélène, que si je vous tuais, je croirais accomplir un acte de justice et de réparation, car vous avez cent fois mérité la mort.

— Eh bien ! tuez-moi donc ! s’écria le chef de brigade, essayant de payer d’audace.