Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/39

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— Lui ! fit Marion avec effroi ; un bourreau parmi les victimes !

— Il vient parfois une heure où le bourreau a peur et se repent du sang versé. Mais écoute… Ta beauté a fait sur lui une vive impression… Il est débauché, ce cher directeur, il s’imagine que toutes les femmes doivent l’aimer…

— Eh bien ?

— Certainement, il te poursuivra de ses hommages, cette nuit.

Marion haussa imperceptiblement les épaules.

— S’il te demande un rendez-vous dans le parc, tu le lui accorderas.

— Moi !

— Oui.

— Mais… que m’arrivera-t-il, mon Dieu ?

— Rien, nous serons là.

Tout en parlant ainsi, Cadenet avait enlevé le rouge, le noir et le bleu qui couvraient son visage, et il apparut blanc et rose comme un homme de vingt-cinq ans qu’il était.

— Viens, dit-il à Marion.

Et ils passèrent de nouveau dans le salon où ils avaient laissé Barras en compagnie de madame Tallien et du fournisseur Dufour.

Ce dernier jeta un cri et recula tout frémissant :

— Qu’est-ce donc ?

— C’est lui, dit le fournisseur, dont les dents claquaient d’épouvante.

— Qui, lui ?