Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/42

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Barras haussa de nouveau les épaules.

Quand à Cadenet, il se contenta de baiser la main de madame Tallien, d’échanger un regard furtif avec Marion ; puis il repartit à travers la foule, en faisant la roue et excitant partout des lazzis et des éclats de rire.

Barras était devenu tout pensif, mais lorsque l’homme aux tatouages eut disparu, il se sentit soulagé et respira plus librement.

Alors il regarda Marion.

La beauté de la bouquetière avait quelque chose de poignant et d’incisif qui mordait au cœur.

Son regard pénétrait jusqu’au fond de l’âme, et Barras en subit aussitôt le charme fascinateur.

— Ah ! souffla madame Tallien à l’oreille de Dufour, je crois que ce cher directeur va perdre la tête et enflammer son cœur aux beaux yeux de Marion.

Dufour allait protester contre cette opinion émise par madame Tallien.

Mais celle-ci l’arrêta net en lui prenant le bras, et lui disant :

— Faites-moi donc faire un tour dans les salons.

Madame Tallien voulait éviter, au moins pour le moment, toute explication avec Barras, touchant Cadenet.

Barras ne la retint point ; tout entier à Marion, il la força à prendre son bras, et il se promena triomphant avec elle au travers de ses deux mille invités.

— Hé ! parbleu ! dit un incroyable en les voyant, cette petite Marion est une fine mouche, et en refusant nos hommages, elle savait bien ce qu’elle faisait.

— Bah ! dit un mirliflor.