Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/47

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de causer avec vous, on va vous débarrasser de votre bâillon.

Barras reconnut sous le masque la voix de Cadenet.

Le complice de ce dernier dénoua le bâillon aussitôt.

— Ah ! misérable ! dit Barras.

— Chut ! reprit Cadenet, pas de gros mots. Foi de gentilhomme, je vous plante ce bijou dans la poitrine.

— J’avais été prévenu… murmura Barras, j’aurais dû me défier… Vous voulez m’assassiner ?

— Oui et non. Oui, si vous résistez… non, si vous vous prêtez aux circonstances.

— Et ces… circonstances… ricana Barras.

— Cher citoyen directeur, reprit Cadenet, nous avons une assez longue route à faire d’ici à Paris, et je crois qu’il est de notre courtoisie de vous débarrasser de ces cordes que nous avons employées, du reste, bien malgré nous ; en vous faisant remarquer toutefois que si vous tentiez de nous échapper, nous serions obligés d’user de moyens extrêmes.

Barras fut débarrassé de ses cordes, comme on l’avait débarrassé de son bâillon.

— Maintenant causons, dit Cadenet.

— Volontiers, fit Barras avec dédain.

Le directeur était un homme de sang-froid, et il avait compris que toute résistance était inutile.

Je vous disais donc que nous allions à Paris, reprit Cadenet.

— Vous avez mal pris votre moment, messieurs, ricana Barras.