Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/49

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— Quand elle s’occupera de vous et de nous, peut-être nous serons-nous entendus.

— Mais qui êtes-vous donc ?

— Vous le saurez plus tard.

— Et vous me conduisez à Paris ?

— Oui.

— Dans quel but ?

— Nous vous menons au bal ; car, ricana Cadenet, mes amis et moi nous nous sommes dit qu’il était convenable de vous offrir une compensation.

— Monsieur, dit Barras avec hauteur, vous m’avez déjà fait ce soir quelques plaisanteries de mauvais goût.

— Je ne plaisante jamais, monsieur. Nous vous conduisons au bal : c’est la vérité pure.

Barras se renferma dès lors dans un silence farouche, et les deux hommes masqués ne cherchèrent pas à l’en tirer.

Les deux chevaux percherons allaient un train d’enfer.

En une heure et demie, ils eurent dévoré l’espace qui sépare Grosbois de Paris, et la voiture s’arrêta devant la grille de la barrière de Charenton.

— Citoyen directeur, dit Cadenet, soyez assez aimable pour vous nommer d’un air souriant à l’officier du poste, et n’allez point commettre l’étourderie de réclamer ses services, car vous seriez mort avant qu’il eût ouvert la portière.

Barras était brave, mais il estimait qu’il est inutile de courir une mort certaine, et il s’exécuta de bonne grâce.

Il se nomma aux municipaux du poste, qui, aperce-