Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/50

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vant une femme au fond de la voiture, se regardèrent en souriant et se dirent :

— Le directeur est en bonne fortune.

La voiture descendit le faubourg Saint-Antoine.

Arrivée sur l’emplacement où avait été la Bastille, elle s’arrêta.

— Sommes-nous arrivés ? demanda Barras.

— Pas encore.

— Alors, pourquoi nous arrêtons-nous ?

— Pour remplir une petite formalité.

Et Cadenet tira un foulard de sa poche.

— Il faut que vous vous laissiez bander les yeux, dit-il.

— Mais…

— À moins, ajouta froidement Cadenet, que vous ne préfériez aller coucher dans la Seine où nous porterions votre personne si nous étions forcés d’en faire un cadavre.

Barras se laissa bander les yeux, et la voiture se remit en mouvement.

Elle roula pendant une heure sur le pavé inégal et pointu des rues de Paris d’alors, puis Barras entendit un bruit sonore et comprit qu’elle entrait sous une voûte.

Une minute après elle s’arrêta.

Alors Cadenet prit Barras par la main et le fit descendre.

— Nous sommes arrivés, dit-il.

Le directeur sentit autour de lui une atmosphère et des bruits confus, tandis qu’une clarté vague pénétrait son bandeau.

Alors encore Cadenet lui arracha le foulard, et Barras