Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/51

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fut étourdi par des flots de lumière qui le forcèrent un moment à refermer les yeux.

V

Après avoir un moment fermé les yeux, Barras les rouvrit, et il promena un regard étonné autour de lui.

Il se trouvait dans une vaste salle de forme circulaire, éclairée par des lustres et de nombreux candélabres.

Les murs, chose bizarre ! étaient peints en rouge et garnis de banquettes de même couleur.

Sur ces banquettes étaient assises des femmes de tout âge, mais la plupart jeunes et belles, en toilettes de bal irréprochables.

Seulement, et Barras en fut frappé sur-le-champ, chacune d’elles avait autour du cou un petit cordon d’un rouge foncé qui traçait une ligne semblable à celle qu’eût produite le fer de la guillotine en passant, en admettant que la tête eût, après ce terrible passage, repris sa position normale sur les épaules.

Devant ces femmes se tenaient, respectueusement debout, des cavaliers revêtus au goût du jour, mais n’ayant point adopté l’immense cravate alors à la mode, et ayant, au contraire, le cou dégagé et nu.

Comme les femmes, ils avaient un petit liséré rouge qui traçait le passage sanglant du couteau de la guillotine.

De plus qu’elles, ils portaient un masque sur le visage.