Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/52

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Dans le fond de la salle était un orchestre muet jusque-là et qui n’attendait qu’un signal.

Cadenet se pencha à l’oreille de Barras et lui dit :

— On vous attendait pour commencer.

— Mais où suis-je donc ? demanda le directeur.

— Au bal, comme vous voyez.

— Mais… ces hommes masqués… ces femmes…

— C’est la société habituelle.

— Quels sont-ils ?

— Voyez-vous cette marque rouge qu’ils ont au cou, hommes et femmes ?

— Oui.

— Eh bien ! c’est le signe de ralliement, et comme l’estampille indispensable pour être admis ici.

— Que veut donc dire ceci ?

— Que la guillotine a passé par là. Ce bal se nomme le Bal des victimes.

Barras tressaillit.

— Ma police m’a parlé de ce bal, en effet, dit-il.

— Et elle a essayé de le découvrir, n’est-ce pas ?

— Sans succès, jusqu’à présent.

— En effet, dit Cadenet, bien qu’il ait lieu, tous les huit jours, comme il se donne chaque fois dans un endroit différent, votre police, cher directeur, n’a pu, jusqu’à présent le faire fermer.

— Ah ! murmura Barras un peu étourdi, cela se nomme le Bal des victimes ?

— Oui, et, pour y être admis, il faut avoir perdu un parent sur l’échafaud, qui un père, qui une femme, qui un frère ou une sœur…