Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/54

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— Il n’y a point de guillotiné, du moins.

— Mais votre tante l’a été à Orange.

Barras tressaillit et baissa les yeux.

— Et… M. d’Auriol… votre cousin et le mien… car nous sommes un peu parents, mon cher directeur…

— Ah ! c’est juste, dit Barras, je crois me souvenir de votre nom.

— Cadenet, pour vous servir.

— Prétendez-vous toujours avoir été guillotiné ?…

— Moi, non, mais mon frère aîné à qui je ressemble si parfaitement que ce brave Dufour s’y est trompé.

— Eh bien ! reprit Barras, qui peu à peu retrouvait son sang-froid, me direz-vous maintenant, monsieur mon cousin, pourquoi vous m’avez conduit ici ?

— Tout à l’heure ; mais venez donc, que je vous présente aux dames.

Barras se laissa entraîner et Cadenet le conduisit près d’une femme jeune encore, d’une beauté merveilleuse, et qui, au lieu d’un simple liseré rouge autour du cou, en avait trois superposés.

— Monsieur le comte de Barras, dit Cadenet, qui présenta le directeur du ton qu’il eût pris à Versailles dix ans plus tôt.

Mais Barras eut à peine envisagé cette femme, qu’il pâlit et recula.

— Laure ! dit-il.

La femme encore belle eut un sourire mélancolique.

— Il y a longtemps que nous ne nous sommes vus, Paul, dit-elle.