Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/56

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daient des passe-ports qu’on leur avait promis. Ils furent arrêtés… Vous devinez le reste, mon cher Paul ; je suis une femme sans mari, une veuve sans enfants…

Barras n’en entendit pas davantage, Cadenet l’entraîna, disant :

— Venez ! venez ! vous allez rencontrer bien d’autres connaissances.

Barras, éperdu, sentit alors que tous les regards étaient fixés sur lui avec une sorte de curiosité dédaigneuse.

À mesure qu’il avançait à travers la salle, au bras de Cadenet, les hommes, tous masqués, du reste, s’écartaient et semblaient craindre son contact comme celui d’un animal venimeux.

Cependant, l’un d’eux vint se planter tout debout devant lui et lui dit d’un ton de bonne humeur :

— Bonjour, comte.

Barras tressaillit au son de cette voix.

L’homme était masqué ; mais, à travers son loup, le directeur vit luire un regard chargé de haine et de malice.

— Tu ne me reconnais donc pas ?

— Je ne vous ai probablement jamais vu, répondit Barras.

— Tu te trompes…

— Et, dans tous les cas, il me serait difficile de vous voir à travers votre masque.

— Eh bien ! je vais te montrer mon visage.

Et le masque de l’inconnu tomba.