Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Barras regarda cette toile et éprouva un léger frisson, — le frisson de l’inconnu.

Que cachait donc cette toile ?

Douze personnes étaient assises sur des banquettes en fer à cheval, disposées contre les murs.

Ces douze personnes étaient masquées et vêtues uniformément d’une grande simarre rouge qui rappelait celle des anciens conseillers au parlement.

Ces douze hommes, — Barras les compta, — étaient silencieux et immobiles.

On eut dit les sénateurs de la vieille Rome attendant, sur leurs chaises curules, les hordes barbares de Brennus le Gaulois.

Cadenet et Machefer poussèrent Barras au milieu de la salle.

Puis le premier le conduisit vers un siège qui se trouvait là tout exprès pour lui.

En même temps Machefer ferma la porte.

Barras, organisation puissante, n’était pas homme à se laisser dominer par une situation, si terrible qu’elle fût en apparence.

Le gentilhomme redevint conventionnel ; le conventionnel se souvint qu’il était directeur, c’est-à-dire le premier magistrat de la République française, et au lieu de s’asseoir, demeurant debout, il regarda cette mystérieuse assemblée avec calme et dit :

— Veuillez, je vous prie, messieurs, abréger cette plaisanterie !

Les hommes masqués demeurèrent impassibles.

Cadenet prit la parole pour eux.